Le pouf de la réflexion
C'est l'histoire d'une visite au marché aux tissus l'année passée où l'on trouvait de jolis jersey. Sur l'étalage, il y en avait plein, enroulés et ficelés. L'affiche indiquait que c'était des rouleaux de 1m. J'en ai acheté 5 de couleurs différentes. Et arrivée à la maison, je déballe les trucs, et oh surprise! ils ne font pas 1m mais plutôt 60 à 70 cm. J'avais juste les boules... Donc quoi faire avec si peu de métrage? Ce fût une grande déception là... j'ai eu comme la vague impression de me faire arnaquer, ou ai-je mal lu le grand panneau?
Donc, je me suis dit qu'en assemblant deux morceaux, je pourrais avoir assez pour me coudre un petit haut? Heu.. L'idée de base n'était pas mauvaise.
Mais les motifs choisis ne rendaient pas super pour un vêtement! Monsieur m'a demandé si je comptais réaliser un panneau de signalisation... j'avoue avoir bien ri. Seule solution : un pouf. Ça sera parfait dans notre nouvel appartement où je compte installer un coin lecture.
Clairement que ça fait panneau de signalisation le truc non? tout le monde à gauche!!
Donc, j'ai tout assemblé à la surjeteuse, pratique. Et le moment fût venu de mettre le rembourrage. Je n'en n'avais pas assez. Re-zut quoi!
Du coup, comme j'ai fait du tri dans mes chutes de tissus, et que j'avais un sac poubelle rempli car non, des morceaux de 3cm du 5cm ne peuvent pas être utilisés, j'ai eu une idée. J'ai passé pas moins de deux heures à tout découper en petits morceaux pour en avoir assez.
De plus, ça s'appelle du recyclage. Je suis très contente de ne rien avoir jeté au final!
De plus, comme je dois rester au repos pour préserver Bébé, j'ai fait ça tranquillement sur le canapé avec de la bonne musique.
Tout le reste étant cousu à la main, c'était une activité de détente... et de réflexion au final.
... Séquence réflexion...
Je vais être Maman une seconde fois, je me pose les mêmes questions (attention, ce billet devient plus intime là) : Vais-je être une bonne maman? Vais-je réussir à transmettre mes valeurs? Vais-je pouvoir le protéger suffisamment de tout ce mal qui nous entoure?
Vais-je pouvoir accoucher normalement? Car le premier a été une catastrophe, après un déclenchement 10 jours après la date du terme, 13h de dur labeur, pour finir par une césarienne d'urgence, ne voir son bébé que bien plus tard. Se retrouver toute seule en salle de réveil avec un infirmier qui téléphone à une copine alors que tu pleures. Rater ce moment si privilégié a été pour moi une sorte de traumatisme. Même si on te dit :'Regarde, ton bébé va bien!'. Mais moi, est-ce que je vais bien? J'ai mis du temps à me sentir maman, car au final, j'ai eu le sentiment de ne pas l'avoir mis au monde. j'ai eu le sentiment que tout m'échapait. Que je n'avais plus aucune prise sur les évènements. Que je n'étais plus qu'un corps, une enveloppe, et il avait fallu sortir mon enfant sans que je sois actrice de qu'il se passait. J'ai vraiment peur à l'idée d'accoucher une seconde fois.
J'en ai voulu aux sages-femmes qui se sont occupées de ma préparation à l'accouchement : 'La césarienne? Même pas la peine d'en parler, ça n'arrive pas souvent!'. Ah oui tiens... Que la césarienne ralenti la montée de lait. Que la première nuit, ton enfant est à la pouponnière car tu n'arrives pas à te lever pour le prendre dans les bras.
Je crois que ce lendemain de l'accouchement, je ne me suis jamais sentie aussi inutile et vide de toute ma vie. Ce n'était pas ce que je m'étais imaginé. Pour moi, devenir maman devait être le plus beau jour, le grand rôle de ma vie.
Heureusement, pour adoucir ce moment, la sage-femme qui était présente a pris deux clichés de mon fils, et me les a donné pour que je les serre contre mon coeur en salle de réveil. Ses mots marqués derrière ont été d'un grand réconfort. Elle semblait réellement inquiète lorsqu'elle a appelé mon gynécologue quand les choses ont commencé à 'mal tourner'. Et sa sympathie m'est allée droit au coeur. Elle a même fait en sorte que mon compagnon puisse me rejoindre avec mon fils en salle de réveil! Elle était adorable.
Vais-je pouvoir allaiter ce deuxième bébé? car là aussi a été une catastrophe. Même si je l'ai constaté, le lait maternisé lui a vraiment bien réussi! Il est grand, pas souvent malade, il va bien. Mais dans notre société où l'on prône tellement l'allaitement, je me suis sentie coupable de ne pas y arriver. Encore une fois, j'avais ce sentiment de rater quelque chose dans mon rôle de mère.
Je regrette qu'on ne m'ait pas avertie que parfois, tout ne va pas comme on le veut. Parfois bébé va mal alors on l'aide à naître, mais qu'on s'en remet. Parfois, tu ne réussi pas à allaiter, et alors? Rien de grave. c'est la vie, et c'est ainsi.
Écrire tout ceci fait du bien depuis le temps que c'est en moi, mais fait monter aussi les larmes. Alors je vais me dire un truc : tout ira bien. (Mais au moins, maintenant, je sais)
Servanne